The Book of Ivy - Amy Engel

17/5/2020
Dystopie

Résumé

La troisième guerre mondiale était une guerre nucléaire. Elle a détruit le monde. Des années après, un petit noyau de l’humanité survit, coupé du monde extérieur, dans une petite ville des anciens Etats-Unis protégée par la barrière. Chaque année, des mariages arrangés sont organisés entre les jeunes gens de Westside, quartier pauvre sous la gérance - en nom seulement - du fils du fondateur de la ville, et Eastglen, quartier riche où habite le président actuel, fils du premier président. Mais méfiez-vous de ce titre, il n’y a pas de démocratie.

Ivy, seize ans, sait qu’elle n’aura pas à passer par le stress de la cérémonie pour savoir si un époux lui a été attribué ou non car elle est destinée à Bishop Lattimer, fils du président et futur président lui-même. En tant que petite-fille du fondateur, elle a hérité de la haine de sa famille de se voir dépossédée de la gestion de la ville contre le titre inutile et creux de “fondateur”.

Elle a une mission : trouver la réserve d’armes et tuer son mari, Bishop Lattimer. Ainsi, seulement, leur révolution pourra fonctionner.

Notre avis

Tine : Notre avis sur ce livre est très, très mitigé.

May : Je suis pour ma part très déçue de ce livre, mais je pense que cela s’explique en grande partie parce que j’ai lu avant (du même éditeur) la trilogie Shades of Magic de V. E. Schwab (énorme coup de cœur) et que je venais de terminer la duologie Le Faiseur de rêve de Laini Taylor (bouleversant). Après deux pépites pareilles, il était difficile d’être à la hauteur.

Tine : Moi, sur le coup, j’ai trouvé que c’était une bonne lecture car l’écriture est chouette. C’est un ouvrage traduit et j’ignore la qualité de l’écriture originale, mais il se lit facilement et avec fluidité. Je me suis laissée emportée par ce sentiment de facilité qui m’a fait passer un bon moment. Mais avec le recul, je me suis rendue compte que j’avais tout de même abandonné le livre quelques jours avant d’y revenir pour le terminer. Je n’y étais pas accrochée.

May : Tout à fait d’accord avec ça ! J’ai maintes fois reposé le livre sans problème. Ce n’est pas ce qu’on appellerait un page turner.

Tine : Le contexte de l’histoire est bien, c’est une dystopie en huis clos avec des éléments intéressants. La ville tenait encore debout quand les premiers survivants s’y sont installés donc ils ne sont pas partis de zéro et les changements liés aux nouvelles conditions de vie semblent tenir la route. Le livre tourne principalement autour de deux problématiques liées à la ville : les mariages arrangés, qui empêchent les jeunes gens de se connaître et de s’aimer avant de se marier pour favoriser la réconciliation entre les deux côtés de la ville, et les expulsions, qui envoient les criminels de l’autre côté de la barrière sans ressources. Ivy est contre ces deux choses, elle reproche aux autres de ne pas s’en préoccuper, mais ne propose pas pour autant de solutions, laissant son cœur balancer entre qui a raison et qui a tort.

May : Je trouve pour ma part que leur vie est tout à fait enviable, en dehors des mariages forcés et de la condamnation à l’expulsion de l’autre côté de la barrière si l’on commet un crime, qu’importe le degré. Ils mangent à leur faim, il n’y a pas de maladies infectieuses, l’eau est potable, chacun a sa maison, son espace personnel et peut jouir de la nature. Je n’ai donc pas été très impressionnée par la complexité du monde “d’après” décrit par l’autrice. Si elle avait voulu mettre en avant la violence du patriarcat, elle aurait par exemple pu évoquer la cérémonie de consommation du mariage qui a existé et qui continue d’exister de par le monde, cela aurait été tout à fait cohérent puisque le but premier de ce système est de repeupler… Mais j’imagine que ça aurait pu être jugé trop dur pour le lectorat cible qui est sans nul doute jeune. Un autre point m’a semblé manquer cruellement : l’homosexualité ! Dans un système qui oblige au mariage hétérosexuel dans une volonté de reproduction, qu’en est-il des individus gays ?

Tine : Comme tu l’as expliqué, je pense que ce n’est pas traité car ce n’est pas la cible, qui est clairement les jeunes filles hétérosexuelles… On en parle tout de suite après avec les personnages qui mettent bien en évidence cela. Au niveau de l’intrigue, la peur de l’extérieur, de l’inconnu et du danger, derrière la barrière, est présente tout au long du livre, avec une envie d’aller voir, d’explorer…

May : Oui et à mon sens, en termes d’intrigue, de suspense, c’est comme le nez au milieu de la figure.

Tine : Clairement, on n’est pas surpris. C’est sans doute le premier problème du livre… Mais mon gros soucis avec ce livre concerne les personnages. Ils sont stéréotypés. Nous avons une héroïne avec des idées arrêtées, mais faible, un héros qui devrait être méchant mais en fait ne l’est pas du tout et la fait douter, une sœur manipulatrice, une belle-mère froide,... L’héroïne, surtout, m’a irritée. Elle ne cesse de se comparer à sa sœur, qui aurait dû être à sa place. Elle l’admire et ne lui trouve aucune faiblesse. Elle sait que sa sœur aurait accompli sa tâche bien mieux qu’elle, qui met en doute ce qu’elle a appris depuis toute petite dans son cercle familial. Cette comparaison constante avec un personnage foncièrement manipulateur m’a énervée. Jusqu’au bout, Ivy reste indécise, incapable de gagner en autonomie d’action et de pensée jusqu’à ce qu’elle prenne une initiative à la toute fin que j’ai trouvé décevante.

May : Les personnages m’ont aussi posé problème. Bishop a 18 ans et Ivy 16. Ils sont tous les deux décrits d’une manière qui correspond totalement aux canons de beauté actuels. Je ne sais pas vous mais à cet âge-là, je n’étais pas très à l’aise dans ma peau. Cette perfection physique maintes fois appuyée dans le récit me les a rendus peu réalistes comme figures adolescentes. A part peut-être leur maladresse lors des premiers baisers et caresses.

Tine : Moi aussi, le deuxième personnage qui me laisse perplexe n’est nul autre que le héros. Parfait physiquement, il est gentil et, bien sûr, cherche à connaître Ivy avant toute autre chose. Il ne valide pas la politique de son père et réfléchit par lui-même. Extrêmement méfiante au début, Ivy finit bien évidemment par succomber, malgré les avertissements de sa sœur, ce qui lui fait penser qu’elle est incompétente, etc… Un cercle vicieux dont elle ne sort plus et qui m’a fatiguée.

May : Bishop est le “gentil” par excellence, c’en est presque navrant. En fait, j’irai plus loin en disant que c’est un pure produit du fantasme féminin : grand, sec, musclé, intelligent, attentionné et… féministe ! On se demande bien comment une telle chose est possible avec ses parents et l’éducation qu’il a reçue d’eux… Ivy est féministe mais elle le doit aux idées progressistes de son père, ça ne sort pas de nulle part. En attendant, Bishop a du pouvoir et en aura encore plus à la succession de son père, mais malgré ses convictions, il n’a aucune ambition de changer le système actuel… Ivy manque de pragmatisme et d’assurance mais ses défauts lui donnent plus de substance. 

Tine : Et on passe sur l’enquête qui n’en est pas une tellement les éléments tombent naturellement sous la main de l’héroïne. Juste une dernière chose, je trouve la phrase choisie par l’éditeur sur la couverture quelque peu mensongère. Ivy n’est pas née pour trahir, ni faite pour tuer. C’est sa sœur qui l’était. Elle n’a pris sa place que deux ans auparavant, quand Bishop a demandé à se marier à dix-huit ans au lieu de seize. A cause de cette phrase, je m’attendais à beaucoup plus d’action…

May : Oui, c’est principalement la passivité des personnages qui m’a déplue. Je vais donner un exemple concret sans spoiler : Ivy se rend compte qu’un autre personnage se trouve dans une situation dangereuse, mais à aucun moment elle n’essaie de se rapprocher de lui, de devenir son ami, bref de lui venir en aide d’une quelconque manière que ce soit.

Tine : Cette critique peut sembler très négative et nous avons en effet bien appuyé sur les points qui nous ont déçues. Néanmoins, j’ai tout de même apprécié l’écriture et je lirai potentiellement le tome deux si un jour j’en ai l’occasion.

May : Je ne lirai pas le tome 2 personnellement, mais il est possible qu’il soit bien meilleur que le précédent. Tu me diras. Pour les lecteurs adultes, je vous conseille tout particulièrement La Servante écarlate si le féminisme et la dystopie sont des thèmes qui vous intéressent.

Tine

Quand j’étais petite, je dévorais tous les livres qui me tombaient sous la main. J’ai découvert au collège la littérature de l’imaginaire et suis devenue accro. Mais en grandissant, je suis restée bloquée à la littérature jeunesse, que je consomme toujours avec un plaisir sans égal ! Je fais tout de même parfois quelques incursions dans le monde des adultes, mais j’aime proposer à mon entourage des ouvrages de littérature jeunesse qui, pour moi, dépassent les frontières des âges. Quand on aime, on ne compte pas (le nombre d’années) ! Pour ma part, j’ai lu la trilogie du Dernier souffle au lycée ! Un vrai régal !

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