Tara Duncan - Tomes 1 à 4 - Sophie Audouin-Mamikonian

22/4/2024
Fantastique

Résumé

Tara vit à la campagne entourée de sa grand-mère, des trois serviteurs de celle-ci et de ses amis, Fabrice et Betty. Elle a néanmoins un secret : un pouvoir, qu’elle ne maîtrise pas. Coller son ami au plafond d’une grange parce qu’elle prend peur en pleine partie de cache-cache n’est qu’un exemple de ce qu’elle peut faire sans le vouloir. Elle refuse néanmoins d’en parler à sa grand-mère, dont elle a peur de la réaction. 

Un jour, néanmoins, la vérité éclate au grand jour. Tara est une sortcelière, celle-qui-sait-lier-les-sorts. Sa grand-mère en est une également, ainsi que ses serviteurs ! Le père de Fabrice, qui se révèle avoir également de la magie, est le gardien d’une porte vers Autremonde, le monde des Sortceliers. Seulement, en plus de devoir apprendre à contrôler ses pouvoirs, Tara ne semble pas être une sortcelière ordinaire. Et cela se confirme quand un mystérieux sortcelier masqué tente de l’enlever…

Mon avis

Ah, une des séries de ma jeunesse ! Je parle des livres, bien entendu, car j’ai découvert qu’une série d’animation était sortie en 2021. Le peu que j’en ai regardé me la fait déconseiller si vous souhaitez découvrir l’univers du livre, elle est infantilisante.

Tara Duncan, donc, est une série de treize tomes parue dans les années 2000 - 2010. Après l’avoir conseillée récemment, j’ai décidé de les relire moi-même. Au tout début, Tara est donc une sortcelière qui l’ignore. Elle a grandi sur Terre, mais elle va vite apprendre qu’elle vient d’Autremonde, une autre planète où les sortceliers, les nonsos (non-sortceliers) et tout plein d’autres races comme les nains, les géants, les elfes, les vampyrs ou les dragons (et j’en passe des inventés et moins connus), vivent en bonne intelligence dans un équilibre précaire. Les démons, eux, ont été bannis dans les Limbes après une longue guerre contre les dragons où ils ont tenté de s’emparer de la Terre.

Cela me mène au premier point : le monde créé par l’autrice. Les Etats, les peuples, le bestiaire, la politique, la géographie, l’histoire… Tout s’explique et tout s’intrique. Au fil des tomes, on rentre de plus en plus profondément dans la logique autremondienne, qui va jusqu’à expliquer le Big Bang (tome 4). L’autrice s’inclut ponctuellement elle-même dans l’ouvrage comme une nonsos résistante à la magie qui a acheté son silence contre l’autorisation de rédiger les aventures de Tara sous forme de fiction. De quoi y croire encore plus ! Marilyn Monroe serait une elfe et Stonehenge construit par les dragons ! J’aime beaucoup cette manière de lier fiction et réalité, même si une grande partie des aventures de Tara se déroulent sur Autremonde où l’autrice laisse libre-court à son imagination, ce qui crée, par exemple : un château vivant capable de projeter des paysages ou des blagues sur ses murs, des baleines qui se baladent dans des bulles d’eau dans des couloirs ou des accréditations, des supers cartes d’identités incrustées dans le poignet qui permettent de communiquer, mais aussi d’accéder aux zones autorisées. Tout ce contexte crée sans cesse la surprise, l’imagination de l’autrice semblant sans fin et chaque tome en amenant son nouveau lot. Un plaisir ? Certes ! Mais attention à ne pas s’y perdre. Certains trouveront que cela fait trop. Pour ma part, j’aime plutôt bien et c’est le monde qui m’accroche à la série !

Les personnages, maintenant ! Tara a douze ans dans les deux premiers tomes et quatorze dans les deux suivants. Je me rappelle qu’elle continue de grandir ensuite. C’est une adolescente qui a tout à découvrir d’Autremonde mais adore être le centre de l’attention. Trop puissante, elle ne veut pas de sa magie mais l’utilise volontiers quand même. Elle est instinctive, parfois attachante et parfois très peste. J’attends de lire le développement du personnage au fur et à mesure qu’elle sort de la période conflictuelle de l’adolescence, pour voir si c’est un manque de cohérence du caractère de la part de l’autrice ou une véritable volonté de camper un personnage aux multiples facettes au point que c’en est questionnable. Je me suis rendu compte que je ne lisais pas l’histoire pour elle. Laissez faire les méchants, Tara en viendra de toute façon à bout avec sa magie ! Tout lui tombe un peu tout cuit dans le bec, y compris les ennemis, avec certains raccourcis et facilités que le fait qu’elle soit l’héroïne ne pardonne pas si facilement. 

Tara est entourée d’un bon groupe d’amis toujours prêts à la suivre dans ses aventures, quel que soit le danger. Pour être très sincère, j’aurais fui cette jeune fille dès le premier tome à leur place ! Dans son groupe, on retrouve Fabrice, son ami terrien au pouvoir un peu trop faible à son goût, Gloria, dite Moineau, princesse du Royaume de Lancovit histoire d’amener des confidences féminines, Cal, l’apprenti Voleur (voir ça comme un super espion) espiègle et malin, Robin, un elfe qui, pour moi, ne sert qu’à l’intérêt amoureux et Fafnir, naine sortcelière, mais naine anti-magie, au caractère bien trempé. Vous trouvez que cela fait beaucoup ? Moi aussi ! Rajoutez à cela tous les personnages secondaires qui s’enrichissent au fur et à mesure des tomes et vous comprendrez que les scènes d'action ne sont pas vraiment décrites en détail car il est tout simplement impossible de suivre et de décrire ce que fait tout ce petit monde en 300 et quelques pages ! Mon personnage secondaire préféré est Cal,  il est le mieux décrit. Il est vraiment utile à l’histoire avec ses compétences et c’est malheureusement le seul pour lequel je peux dire cela. Cela ne m’étonnerait pas que l’autrice, ait eu un faible pour lui. Les autres font ce qu’ils peuvent et apportent leur compétences quand il y en a besoin. Mais le gros reproche que j’ai à leur faire, c’est qu’à peine ils rencontrent Tara qu’ils deviennent instantanément amis avec elle puis, pendant quatre tomes, vont manquer de mourir pour elle plusieurs fois sans se poser de questions, leur amitié pour elle étant visiblement plus importante que leur vie.

Enfin, je termine par l’intrigue. Il faut aimer les page turner. C’est un peu fatiguant, parfois, mais j’ai la chance de lire cette série à des moments très précis qui me permettent des pauses dans ma lecture, à défaut d’en avoir dans le roman. Systématiquement, quand Tara veut se reposer / dormir / faire la sieste / juste avoir un moment de solitude… Il se passe quelque chose ! Une balade ? Oh ! Voilà un nouvel indice pour l’enquête en cours ! Une visite ? Mais quel est donc ce mystérieux personnage qui semble bien suspect ? Aller d’un point A à un point B ? Ah ! Une attaque surprise ! Les romans suivent parfaitement le schéma classique : introduction, élément déclencheur, péripéties, dénouement, conclusion. Souvent les péripéties pourraient faire l’objet d’un roman à elles seules si elles étaient plus développées. Cela s’enchaîne donc à la vitesse de l’éclair et le rythme, intense dans le tome un, continue ainsi dans les tomes suivants, sans hésiter à intriquer les intrigues. Il arrive un accident au début du tome qu'on élucide finalement qu’à la fin, un peu par hasard parfois… J’admire le fait que rien n’est jamais laissé inexpliqué (en tout cas, je n’ai rien vu). Il faut aimer les événements qui s’enchaînent sans cesse pour aimer Tara Duncan. Sinon, cela ne sert à rien d’essayer.

Bien, maintenant, prenez le point personnages (beaucoup de personnages, peu de descriptions de caractères) et prenez le point intrigue (péripéties qui s’enchaînent sans arrêt). Mélangez le tout… Cela donne : un roman à haute vitesse, qui s’enchaîne trop vite pour qu’on ait vraiment le temps de ressentir les émotions des personnages et de vibrer avec eux. L’autrice compense cela par l’humour. Cela fonctionne assez bien sur moi, je rigole toute seule souvent. Les dialogues sont acérés, les personnages s’envoient des piques, les descriptions pointent les situations comiques. Et c’est là que l’importance du monde mis en place entre en jeu ! C’est un style d’humour, on accroche ou pas. Mon verdict : si vous n’accrochez pas à l’humour, vous n’aimerez pas Tara Duncan en tant qu’adulte.

Conclusion

Je les redécouvre avec plaisir, sans que ce ne soit un coup de cœur absolu. Je me souviens de quelques passages qui m’ont marquée quand j’étais jeune. J’en ai dépassé certains mais je n’en ai pas encore atteint d’autres. Je me souviens également que je n’avais pas terminé la série. Cela semble être le bon moment pour essayer et savoir ce qu’il advient de Tara Duncan. Ce qui marche vraiment sur moi, plus que l’héroïne ou l’intrigue, c’est le monde dans lequel les personnages évoluent et l’humour de l’écriture, ce qui est totalement subjectif.

Tine

Quand j’étais petite, je dévorais tous les livres qui me tombaient sous la main. J’ai découvert au collège la littérature de l’imaginaire et suis devenue accro. Mais en grandissant, je suis restée bloquée à la littérature jeunesse, que je consomme toujours avec un plaisir sans égal ! Je fais tout de même parfois quelques incursions dans le monde des adultes, mais j’aime proposer à mon entourage des ouvrages de littérature jeunesse qui, pour moi, dépassent les frontières des âges. Quand on aime, on ne compte pas (le nombre d’années) ! Pour ma part, j’ai lu la trilogie du Dernier souffle au lycée ! Un vrai régal !

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