Rosewater - Tade Thomson

30/8/2021
Science-fiction

Résumé

Une forme de vie extraterrestre est apparue à Londres en 2012. Aussitôt attaqué par les armes sophistiquées des humains, l’alien prénommé Armoise survit malgré tout et, à l’insu de tous, contamine la biosphère avec des micro-organismes aux propriétés multiples et mystérieuses : les xénoformes.

Plusieurs dizaines d’années s’écoulent avant que Armoise ne réapparaisse au Nigéria et crée en 2055 le Biodôme, sorte de bulle ou serre géante inaccessible à l’Homme. Très vite, une ville commence à se construire tout autour, Rosewater. En effet, chaque année le Biodôme s’ouvre et laisse s’échapper des xénoformes bien particulières car celles-ci sont capables de guérir n’importe quoi voire de ressusciter les défunts.

Dans ce contexte, nous suivons Kaaro, un voleur recruté malgré lui par le S45, un service des renseignements du gouvernement Nigérian. Karoo est ce qu’on appelle un “réceptif”, en raison de sa capacité à communiquer avec les xénoformes et à accéder à la xénosphère, sorte de réseau de communication mental. Cette particularité lui permet de “lire” dans les pensées des gens et de manipuler leurs perceptions. Son parcours sera semé d'embûches mais lui donnera les réponses aux questions suivantes : quelles sont les intentions d’Armoise ? Comment la totalité des habitants d’un village ont-ils disparu ? Pourquoi les réceptifs sont-ils assassinés ?

Le monde de Rosewater

Le roman est futuriste sans trop en faire. A l’inverse de certains romans ou films comme Le 5e élément, les technologies ont peu avancé et restent crédibles. Les humains ont maintenant la possibilité (voire l’obligation selon la profession) de porter un implant (téléphone, localisation, etc.). Les intrigues sont principalement politiques et psychologiques (beaucoup de scènes ont lieu dans la xénosphère) mais j’ai particulièrement apprécié découvrir un peu la culture nigériane, l’auteur ayant grandi au Nigéria. On apprend également que les Etats-Unis ont fermé leurs frontières définitivement (même si l’auteur n’explique jamais comment un tel dispositif a été mis en place dans un pays aussi gigantesque) depuis que l’alien Armoise a débarqué. Quel type de société y a été mis en place ? Pourquoi avoir tout fermé ? Que savent-ils ? Les secrets d'État sont bien gardés et les civils ne savent que peu de choses. La plupart ignorent même l’existence des réceptifs. J’ai aussi trouvé l’auteur inspiré quand il a imaginé l’idéologie de “La machinerie” qui consiste, pour ceux qui y adhèrent, à agir comme une machine, à renoncer à leur humanité.

Les personnages

L’une des plus grandes forces de ce roman réside dans ses personnages car la narration est quelque peu chaotique… Le récit principal se déroule en 2066 mais on revient en arrière de manière totalement aléatoire, en 2032, en 2055, etc.. Tous ces flashbacks ont leur utilité afin de comprendre le personnage principal tel qu’il est en 2066 mais surtout pour saisir les enjeux politiques et les explications scientifiques qui lèvent le voile sur les mystères entourant les xénoformes et Armoise. Mais il faut être attentif pendant sa lecture. Ce n’est pas le genre de livre qu’on abandonne plusieurs jours ou semaines sans problème. Non, pour tout comprendre, il faut le lire dans un temps court au calme.

Le narrateur unique de cette histoire est Kaaro qui n’est pas un personnage sympathique et pour lequel je n’ai développé aucun attachement. Cependant, il ne manque pas de substance et son rôle au milieu de tout ce fatras le rend fascinant. En fait, Rosewater relate une série de rencontres entre Kaaro et d’autres personnages. Il est constamment en interaction, que ce soit sur le plan physique ou psychique, tout en étant paradoxalement quelqu’un de très seul. Kaaro découvre son talent de réceptif assez jeune. Malheureusement pour lui et les autres, il est un “dénicheur”, son talent se focalise sur les possessions des autres, il est capable de retrouver n’importe quoi (objet ou personne). Bien qu’il ne manque pas d’argent, il commence à voler les biens les plus précieux d’étrangers et parfois même de son entourage. Il est profondément individualiste sans une once d’abnégation. Son égoïsme et sa couardise sont d’ailleurs les traits de caractère qui lui permettent de survivre. Sa charismatique patronne du S45, Femi Alaagomeji, le décrit en ces termes : “sexiste, matérialiste, cupide, insolent, amoral. [...] Il vit seul, n’a pas d’animal domestique ni de véritables amis et pour autant que je le sache n’est motivé par aucun idéal. On considère qu’il nourrit une légère tendance suicidaire, qui pourrait se concrétiser si les conditions se présentent.” En effet, le Kaaro de 2066 est apathique, las. Son statut d’agent du S45 le met régulièrement en danger de mort mais il ne peut pas échapper à l’agence… alors il effectue son travail de manière automatique et sans passion. A la suite d’une rencontre, cet état de fait change et son regain d’énergie donne un coup de fouet à l’histoire.

Je ne vous cache pas que le livre contient certaines lenteurs. On en apprend beaucoup sur le personnage de Kaaro mais peu sur son entourage. Le lecteur ne sait que ce que Karoo sait et comme il ne s’intéresse pas vraiment aux autres, toutes ses relations demeurent limitées ; ce qui n'empêche pas à certains personnages secondaires d'avoir de l'impact. Enfin, les révélations concernant Armoise et la xénosphère arrivent au compte goutte alors patience...

Avis

Rosewater est un récit unique, original et assez spirituel à défaut d’être bien construit. Habituée du roman choral, j’apprécie de temps en temps retourner au récit à la première personne qui offre une toute autre expérience. Les éléments de science-fiction sont bien pensés, crédibles et témoignent du travail de recherche de l’auteur.  Je recommande cette lecture car même s’il ne s’agit pas d’un coup de cœur, j’ai trouvé que ce roman valait le détour ! Il propose, mine de rien, une réflexion sur le futur de l’humanité et interroge notre capacité d’adaptation.

May

J'ai découvert la littérature de l'imaginaire enfant en lisant des mangas (Full Metal Alchemist, Claymore, Fruit Basket, Naruto, etc.) qui me permettaient de m’évader. Puis une camarade de classe m'a un jour prêté la trilogie du Dernier souffle de Fiona MacIntoch. Ça a été la révélation ! Depuis je suis avide de lectures de l'imaginaire et plus particulièrement de fantasy qui constitue l'essentiel de ma PAL.

Dans le même genre

commentaires