Prince captif (trilogie) - C. S. Pacat

14/7/2020
Fantasy


Pour les fans de la série Spartacus !

Résumé

Le prince Damianos du royaume d’Akielos est trahi le soir de la mort de son père lorsque son demi-frère, Kastor, s’empare du pouvoir et l’envoie en tant qu’esclave de plaisir au pays voisin, Vère, avec lequel Akielos a récemment signé un traité de paix à la suite d’une guerre sanglante. Damianos est offert au prince Laurent qui a toutes les raisons de le haïr puisqu’il est responsable de la mort de son frère aîné pendant la guerre. Notre homme doit donc cacher à tout prix sa véritable identité tout en essayant de survivre à la cour Vérétienne et aux tendances sadiques de Laurent. Mais il doit surtout trouver un moyen de s’échapper pour revendiquer le trône. Ce ne sera pas une mince affaire !

Deux pays, deux cultures

Ce que j’adore en Fantasy ce sont les différences culturelles, les langues variées, les traditions et l’Histoire implantés dans la narration. Pour que j’y croie, l’univers doit être riche, diversifié. Cela tombe bien, nos deux protagonistes sont les deux princes héritiers de pays très différents.

Akielos est un pays dans lequel l’esclavage est une tradition bien ancrée, particulièrement à la cour. Les esclaves chez qui on en décèle le potentiel sont formés très jeunes à être soumis et à “idolâtrer”, en quelque sorte, leur maître ou maîtresse. Les Akieloniens portent des vêtements simples et peu couvrants, les esclaves sont nus ou habillés de tissu transparent. Le sport, comme la lutte, se pratique nu également comme dans la Grèce antique. La sexualité et l’orientation sexuelle est très libre mais elle a lieu dans l’intimité des participants. Ses citoyens sont des bons vivants qui ont à coeur l’honneur et l’honnêteté. Les hommes se réalisent dans leurs prouesses physiques et leurs tactiques de combat. Ils sont considérés comme barbares aux yeux des Vérétiens qui ont en horreur l’esclavage. Ils portent des vêtements très couvrants et la nudité est plus rare. Leurs mode et architecture sont jugés opulents et ostentatoires par les Akieloniens. Bien qu’il n’aient pas d’esclaves à Vère, les nobles achètent les services de favoris qui réalisent leurs moindres désirs. Plus un favori est fardé, bien habillé et couvert de bijoux, plus son propriétaire affiche ses richesses et son statut social. Ils organisent beaucoup de fêtes mondaines et assistent à des spectacles orgiaques qui vont profondément choquer Damianos. Les discours sont politiques, la duplicité règne en maître. Le lecteur découvre à travers les yeux pleins de jugement de Damianos les pratiques de la cour de Vère. Il apprend également que chez les Vérétiens, les rapports hétérosexuels sont proscrits en dehors du mariage. Engendrer un bâtard est tabou et puni sévèrement. 

Si Damianos juge durement Vère, il commence à remettre en questions certaines de ses propres traditions étant devenu lui-même esclave.

Les personnages

Sans surprise, je pense, ce livre est à dominante masculine ce qui ne m’a pas déplu dans ce contexte-ci. En plus, je venais de terminer Le Livre des Anciens qui était à dominante féminine, donc c’est passé sans problèmes.

Nous suivons les mésaventures de Damianos de son point de vue. C’est un combattant hors pair et sans égal bourré de bonnes intentions mais pas...comment dire... très “fute fute”, sauf quand l’intrigue en a besoin. Je m’explique. Damianos est d’une naïveté affligeante pour un futur leader. Il tombe toujours dans le panneau… Et des panneaux, il y en a pêle-mêle ! Le pauvre fait confiance aux mauvaises personnes, encore et encore… Il ne saisit pas toujours tous les tenants et aboutissants alors qu’il a toutes les cartes en main. Nous, lecteurs, avons compris depuis un bail certaines choses mais pas lui. En revanche, il a des éclairs de génie. Il fait des rapprochements auxquels je n’aurais jamais pensé. Il est également fin stratège militaire et inspire le respect. Mais pour certains Vérétiens, il a tout l’air d’une brute écervelée au premier abord.

Laurent est… particulier, c’est le moins qu’on puisse dire. Il est magnifique (selon les goûts de Damianos qui fétichise les blond.e.s) mais venimeux comme un serpent. On dit aussi de lui qu’il est frigide car il n’a jamais eu de favori ou d’amant connu. Ce n’est pas un personnage auquel j’ai vraiment réussi à m’attacher, hélas. Il est trop manipulateur, calculateur. Il excelle dans tout ce qu’il entreprend c’en est rageant. Son intellect semble sans limite. Il parvient à entrevoir toutes les éventualités et échafaude des plans abracadabrantes qui réussissent presque à tous les coups. Pour toutes ces raisons, il me semble peu réaliste ce qui explique que je n’arrive pas à m’identifier à lui. En revanche, Damianos est très humain et j’ai suivi son parcours avec beaucoup d’intérêt.

L’oncle de Laurent est le Régent du pays tant que son neveu n’a pas atteint ses 21 ans, ce qui ne saurait tarder. C’est une figure qui au début semble rationnelle, pacifiste... Il a signé le traité de paix avec Akielos au lieu de continuer la guerre et il sauve Damianos de Laurent. Il est respecté à la cour et semble peu enclin à céder le pouvoir à son neveu qu’il juge immature et rendu trop amer par la perte de son père et de son frère. Son attitude pourrait mettre en danger la paix fragile qui s’est installée entre les deux pays.

L’intrigue

Vous l’aurez compris, il y a de fortes tensions entre l’oncle, le Régent, et son neveu, le futur roi. Les intrigues de cour se multiplient et, comme Damianos, on n’est pas sûr de savoir à qui se fier. Et pendant ce temps notre protagoniste doit ravaler sa fierté et s’adapter à son nouveau statut d'esclave. Mais il doit surtout observer ce panier de crabes pour découvrir les allégeances de chacun.

Malheureusement pour lui, il découvre vite que sans l’aide de Laurent, il n’a aucune chance de s’en sortir. L’inimitié entre les deux est palpable et les tentatives de meurtres nombreuses. Mais suite à un revirement, ils vont devoir s’allier temporairement pour survivre. Plus ils se côtoient plus leur relation se complexifie. Le respect mutuel (voire plus) commence à poindre à l’horizon. Il est important de savoir que la relation houleuse entre les deux personnages est au centre de l’intrigue. A voir si c’est votre tasse de thé ou pas. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié et jusqu’au bout, j’étais curieuse de voir ce qu’il adviendrait de leur alliance improbable.

J’ai trouvé la progression de l’intrigue maligne et efficace. Bien que les complots politiques occupent une grande part de la trilogie, il y a aussi pas mal de scènes de combat et de batailles qui m’ont plu, même si les descriptions n'étaient pas incroyables. Elles n'étaient pas mauvaises, mais j’ai lu mieux. En revanche, l’autrice est très douée pour les rouages politiques et les revirements de situation. Si j’ai vu venir certains événements, elle m’a aussi prise par surprise plusieurs fois. J’ai trouvé qu’elle faisait preuve d’inventivité dans une intrigue qui a déjà été vue et revue. 

Pour résumer, le premier tome est centré sur l'esclavage de Damianos, la sensualité y est omniprésente puis les tomes 2 et 3 se focalisent davantage sur le politique et le militaire. Alliances, trahisons, amour, mensonges... j’ai dévoré la trilogie. Celle-ci n’est pas sans défauts mais elle vraiment prenante et le rythme est assez soutenu pour ne pas s’ennuyer une seule seconde ! Si vous cherchez un roman de Fantasy assez léger avec une bonne dose de sensualité et d’intrigues de cour, cette trilogie devrait vous plaire.



May

J'ai découvert la littérature de l'imaginaire enfant en lisant des mangas (Full Metal Alchemist, Claymore, Fruit Basket, Naruto, etc.) qui me permettaient de m’évader. Puis une camarade de classe m'a un jour prêté la trilogie du Dernier souffle de Fiona MacIntoch. Ça a été la révélation ! Depuis je suis avide de lectures de l'imaginaire et plus particulièrement de fantasy qui constitue l'essentiel de ma PAL.

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