La Maîtresse de guerre - Gabriel Katz

8/5/2020
Fantasy

Résumé

Kaelyn est une jeune femme au fort caractère qui a eu la malchance de naître fille, brisant ainsi les espoirs de son père, grand maître d’armes de son village. Toutefois, il lui enseigne les bases du combat à l’épée même si elle n’est pas autorisée à lui succéder. Kaelyn, qui ne peut supporter le destin de femme qui l’attend, s’engage dans l’armée dite “Rouge” ayant pour objectif d’envahir Azman, pays où le sultanat règne et les habitants et prisonniers de guerre sont réduits en esclavage. Mais à peine a-t-elle débarqué sur le sol d’Azman, accompagnée de ses frères d’armes, qu’ils se font massacrer en deux secondes par un homme nommé Hadrian, le maître de guerre du sultan. Kaelyn, la seule survivante, se fait capturer pour terminer ses jours en tant qu’esclave du maître de guerre. Mais la jeune femme a plus d’un tour dans son sac.


ATTENTION SPOILERS !!!!!

Mon avis

On ne peut pas nier que Gabriel Katz possède un grand talent d’écriture. C’est fluide, mordant et rythmé. Le roman se lit rapidement et sans difficulté. Malheureusement, si la forme a de grandes qualités, c’est le fond qui pèche.

Je vais commencer par le personnage principal dont les désirs et les motivations m’échappent dès le début du roman. Pourquoi souhaite-t-elle tant se battre ? La recherche de l’indépendance ? Peut-être. Elle n’est pas pas particulièrement patriotique puisqu’elle adopte quasi instantanément le pays qu’elle comptait envahir bien que l’esclavage soit en vigueur et la condition des femmes entièrement contrôlée par les hommes. Le sultanat pratique la polygynie (un homme pour plusieurs femmes). Elle en vient même à s’émerveiller de ce pays… Étrange pour une femme qui s’est enfuie de chez elle pour échapper au joug des hommes.

Kaelyn a 20 ans, une crinière de feu, elle est belle, mince, musclée et a des formes (oui oui, tout ça). Étant la seule combattante dans l’armée, elle fait tourner la tête de tous les hommes qui s’empressent de l’objectifier au premier coup d’oeil. Mais elle leur tient tête tout au long du roman. Un point pour elle. 

J’ai l’impression que ce livre se voulait féministe... Le personnage principal est une femme aussi forte voire plus douée que certains hommes au combat, malheureusement elle ne brille pas par son intelligence. Le cerveau, c’est Hadrian. 

Après quelques péripéties, Hadrian propose de libérer Kaelyn qui refuse et demande à être formée à l’épée et à l’art de la guerre. Admirative d’Hadrian, elle souhaite devenir une maîtresse de guerre comme lui. On se doute bien qu’elle se heurterait au plafond de verre sans l’aide d’un homme aussi bien placé. Elle devient donc son apprentie. La relation maître-esclave change en celle d’enseignant-élève mais le rapport de force reste le même. 

Jusqu’à ce point, j’apprécie plutôt ma lecture. On voit la guerre se profiler et une héroïne qui s’affirme de jour en jour. Malheureusement, c’est à ce moment que le récit bascule dans une “romance” complètement inintéressante. Je vous dresse le tableau : Hadrian est un homme dans la force de l’âge marié à Fenia, la nièce du sultan (lui assurant ainsi un statut). On dit qu’Hadrian est un homme fidèle qui a une seule femme et qui ne touche pas à ses esclaves.

Néanmoins, à aucun moment on ne détecte un semblant d’amour entre les époux. Étrange. Sans surprise, Hadrian et Kaelyn entament une liaison passionnelle (à ne pas mélanger avec une histoire d’amour). Mais ce n'est pas grave car l’auteur s’est assuré de faire de Fenia, la femme du maître de guerre, un personnage détestable. Pas de solidarité féminine dans ce livre, elles se crêpent le chignon pour des choses sans importance ou pour un homme. Féminisme, vous avez dit ?


Le récit est aussi parsemé de remarques que je qualifierais de grossophobes. En voici quelques exemples : 

  • page 116 : “La plupart d’entre elles avaient dépassé la quarantaine et les 70 kilos, combattant l’ennui par les sucreries. Nues, à peine voilées par un nuage de vapeur, elles ne cherchaient guère à dissimuler leurs bourrelets disgracieux.”
  • page 197 : “Il ne put s’empêcher de jeter un regard discret sur ses fesses et de la trouver désirable, tellement plus que sa femme, qui avait pris 20 kilos en 20 ans.”
  • page 232 en parlant de Kaelyn : “Et la fille ne doit pas beaucoup manger” “Un repas par jour”.
  • page 234 : “Il paraissait plutôt vif, en tout cas pour un obèse.” “L’obèse attaqua” “L’obèse, la joue cuisante, serra les dents de rage tandis que dans l’assistance, on commençait à pouffer de rire.”

Cela pourrait passer lorsqu’il s’agit de caractériser un personnage en exposant ses opinions, mais quand c’est tous les personnages…

Bien sûr, Fenia découvre le pot aux roses et échafaude un plan pour faire arrêter et condamner à mort son époux et sa maîtresse pour haute trahison. Kaelyn et Hadrian deviennent des criminels recherchés. Face à l’adversité, généralement, on se sert les coudes, pourtant Hadrian ignore royalement Kaelyn. Aussi, quand cette dernière cherche à avoir des explications, elle le surprend en train de coucher avec une servante. Un peu dépitée par la scène, je me suis aussi réjouie me disant que l'héroïne allait enfin s’émanciper de lui et vivre ses propres aventures, que le récit allait devenir plus palpitant ! Surtout que je n’ai aucun attachement au personnage antipathique d’Hadrian. Elle le confronte et il lui répond page 268 : “Je ne te dois rien je pourrais baiser toutes les femmes de la caravane si j’en avais envie, je suis noble, j’ai tous les droits.” 

Mais quel homme délicieux, vraiment. Je n’ai jamais compris ce qu’elle lui trouvait mais maintenant je ne comprends pas pourquoi elle s’accroche à lui.

Il justifie cela en lui expliquant qu’elle ne doit pas se reposer sur lui et devenir une femme indépendante...Tout ceci fait partie de son entraînement. D’ailleurs, ce n’est pas grave ce qu’il a fait. Il le dit lui-même : page 283 “Si j’avais vraiment voulu une autre femme, je l’aurais choisie jolie.” Et cette idiote le croit et lui pardonne.

Passé ce moment, j’ai perdu tout espoir de voir l’intrigue s’améliorer. J’aime les univers de fantasy fouillés plus particulièrement ceux avec de la magie - qui est à peine mentionnée ici -  et des espèces diverses et variées. Pourtant dans ce livre, on se retrouve dans un monde extrêmement similaire au nôtre mais à une époque reculée. Le manque d’originalité, d’enjeux, de combats épiques et de scènes de batailles ont eu raison de moi. J’ai arrêté la lecture (60 %) car ce n’est pas le genre de récit que j’affectionne. J’ai lu les dernières pages du livre pour connaître la fin, ce qui m’a confortée dans mon choix.

May

J'ai découvert la littérature de l'imaginaire enfant en lisant des mangas (Full Metal Alchemist, Claymore, Fruit Basket, Naruto, etc.) qui me permettaient de m’évader. Puis une camarade de classe m'a un jour prêté la trilogie du Dernier souffle de Fiona MacIntoch. Ça a été la révélation ! Depuis je suis avide de lectures de l'imaginaire et plus particulièrement de fantasy qui constitue l'essentiel de ma PAL.

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