Résumé
Dans la petite ville portuaire de Portivÿ, Yann et Briac, deux frères orphelins, volent pour survivre. Leurs combines fonctionnent, jusqu’au jour où les marchands ne les lâchent plus, bien décidés à leur couper toute envie de recommencer. Pour échapper à la punition, ils se font embaucher à bord de L’Evasion, un navire partant le lendemain matin pour une mission pour le moins floue… Et qui va s’avérer beaucoup plus importante et dangereuse que les garçons peuvent imaginer ! Le monde de la mer leur est inconnu, mais le monde au-delà de la mer encore plus !
Mon avis
Avant toute chose, je vais parler de la fabrication : un magnifique papier bouffant (et donc bien épais), une police très grosse, une double page réservée à chaque titre de chapitre avec le texte démarrant en page de droite à la page suivante (avec la lettrine absolument énorme qui va bien)… Je me suis longuement demandée le nombre de pages que le livre aurait dû faire si l’éditeur n’avait pas poussé le bouchon ainsi pour l’épaissir, comme une oie qu’on gave. Je l’ai acheté au moment où le prix du papier était en train d’exploser, ce qui poussait à se poser des questions sur la stratégie de l’éditeur. Était-ce pour justifier le prix ? Pour 16,90€, j’étais prête à avoir 100 pages de moins et un petit peu plus de place dans ma bibliothèque. Autre petit point : je trouve la couverture trop chargée. Mais passons au plus important : l’histoire.
Le monde
Rien à dire à ce sujet, l’auteur a bossé. Le monde des Orphelins de Prolis est complexe, bien travaillé, avec une histoire riche, des relations internationales plausibles et un ennemi commun au continent (Prolis), si cher à la fantasy, suffisamment inquiétant. La complexité du monde est révélée par petits bouts, les deux héros ne la connaissant pas et menant leur enquête pour comprendre exactement les tenants et les aboutissants de la mystérieuse mission qui a été confiée au navire.
Prolis est un continent constitué de trois grandes nations, deux aux relations commerciales et politiques établies et une (d’où viennent nos jumeaux), tombée en désuétude, au point que l’on ne sait même plus si elle a un Roi. Bien sûr, il y a une raison à cela, mais je n’en dis pas plus car cela mérite d’être découvert dans le livre.
Les seuls points noirs seraient que ces “cours d’Histoire” peuvent paraître un peu long quand on a envie que la trame principale avance… Mais tout est bien révélé comme il le faut dans ce tome 1.
J’ai été un peu gênée par l’influence bretonne (Portivÿ, Yann, Briac…) au milieu de tous les autres noms à consonance clairement fantastique. Comme si l’auteur avait commencé par vouloir écrire un roman historique, puis s’était ravisé et tourné vers la fantasy sans rien toucher à son début. Mais c’est du détail.
L’intrigue
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle s’enchaîne, elle rebondit, elle plonge et elle remonte à bord. Elle prend les vagues, ne s’en sort pas toujours indemne, se répare et repart de plus belle. Vous m’avez comprise, les événements s’enchaînent, les rares temps morts étant consacrés à la découverte de l’Histoire. Il y a des renversements de situation, des moments durs et d’autres plus légers… Le rythme est très bien trouvé.
J’ai vu quelques critiques qui disaient qu’elles n’avaient pas réussi à lâcher le roman. Ce n’est pas mon cas. Je l’ai arrêté, repris… Mais il y a une autre raison à cela et la transition est parfaite :
Les personnages
Je ne me suis pas beaucoup attachée aux personnages principaux de ce roman, sauf, peut-être, à Briac. Ils ne m’ont pas poussée à dévorer leur périple, ce qui explique que j’ai posé et repris le livre sans trop de soucis.
Petit tour du bateau :
Yann, le grand-frère. Il s’occupe de Briac depuis la mort de leurs parents alors que celui-ci n’avait que cinq ans. Yann est réfléchi, pragmatique… sans doute trop. Il ne croit que ce qu’il voit et se méfie de tous. Sa survie et celle de son frère sont sa priorité ultime. Il est froid, même envers Briac et seuls les moments où il prend des risques insensés pour lui venir en aide le rendent un peu plus sympathique.
Briac, le petit frère. La tête dans les étoiles, les pieds sur un nuage, volontaire, bavard, social. Il suit Yann avec confiance mais n’hésite pas à lui tenir tête si nécessaire. Il apprend petit à petit au fil du roman à se détacher de son frère et à gagner en indépendance. Il est le seul personnage principal avec une vraie évolution et est en ce sens le plus intéressant. Il est naïf et attachant, dans un monde d’adultes qui l’a forcé à grandir trop vite.
Astaldor, le capitaine. Un homme secret, insondable. Il utilise ceux qui l’entourent pour ses propres fins. Il semble tourmenté entre ce qu’il sait être bien et les choses qu’il est obligé de faire pour parvenir à sa mission. Il m’a laissée totalement neutre…
Lucía, la jeune noble enlevée par des pirates désirant rejoindre son mari qu’elle ne connaît pas sur l’autre continent. Consciente de son rôle de femme dans une société patriarcale, pétrie d’honneur et de caractère, elle est à la fois forte et insupportable. Elle se fait respecter, a un faible pour les deux mousses, mais j’ai eu du mal à l’apprécier réellement. Elle m’a semblée contrefaite.
J’ai eu plus d’affection pour Eloi, second du capitaine qui lui est entièrement dévoué, ou Oeil de Faucon, vigie silencieuse et savante, mais ils ne sont que des personnages secondaires, que l’on voit heureusement souvent.
En conclusion
Il s’agit d’un bon roman de fantasy jeunesse, mais sans plus. Ce n’est pas un coup de cœur. J’ai passé un bon moment de lecture et j’étais bien immergée dans certains passages car l’intrigue est palpitante et bien menée. Mais les personnages sont un gros point noir pour moi.Je n’achèterai pas la suite quand elle sortira.
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