Essais féministes #2

26/11/2023
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Essais féministes #2

Les Hommes hétéros le sont-ils vraiment ? - Léane Alestra - JC Lattès

Je suis le compte instagram Mécréantes depuis quelque temps déjà. Je trouve le travail de vulgarisation de Léane Alestra remarquable et son approche pédagogique très juste. Alors évidemment lorsqu’elle a annoncé qu’elle allait sortir un livre j’étais certaine de le lire. 

A l’annonce du titre de son ouvrage, je me suis dit qu’elle était vraiment brillante. Je pense que de nombreuses femmes ont déjà entendu des goujats misogynes se défendre de leurs propos en disant “j’aime les femmes”. Alors non Michel, aimer coucher avec une femme n’est pas la même chose qu’aimer une femme. Ce qui ressort souvent dans les échanges avec un homme c’est le mépris, cela peut-être subtil ou comme le nez au milieu de la figure. Reste qu’ils se font toujours des éloges entre eux. Ils admirent d’autres hommes, cherchent leur approbation, et préfèrent passer du temps entre eux plutôt que avec leur “gonzesse” : bros before hoes. Léane Alestra a fait cette même constatation et a entrepris un travail de recherche important pour comprendre et étayer son propos. Le livre est épais et il n’y a pas un seul passage inutile.

Le propos de son travail est difficile à résumer mais je vais quand même essayer d’en ressortir l’essentiel : les hommes se doivent d’être hétéros et sont élevés en se distanciant et en méprisant le féminin, “je suis pas une fillette”. Le féminin est donc inférieur à leurs yeux néanmoins on attend d'eux qu'ils  “aiment” et relationnent avec des femmes parce que leur homophobie intériorisée les empêche de vivre une relation amoureuse avec d'autres hommes qui sont pourtant leurs égaux. Cela veut-il dire que les hommes sont tous homos au fond ? Pas du tout ! Et ce n’est pas le propos du livre d’ailleurs malgré le titre aguicheur. L’analyse va beaucoup plus loin et si le livre aborde la Bromance, elle aborde également la violence des hommes sur les autres hommes, en bref le SYSTEME auquel ils sont subordonnés.

Ayant déjà un bagage de lecture d’essais féministes, beaucoup de concepts m’étaient déjà connus. Pourtant l’angle choisi et les sources utilisées sont venus enrichir ma compréhension des rapports entre individus.  Il est triste de se dire que son travail sera majoritairement lu par des femmes et qui plus est féministes. Pour ma part, je suis ravie de l’avoir lu et compte bien en faire l’éloge auprès de mon entourage car je le trouve essentiel ne serait-ce que par son focus original et par la modernité du propos. Il est fort à parier que peu d’hommes le liront malheureusement alors qu’il permettrait d'enclencher une introspection plus que nécessaire. 

Je me suis amusée à lire ce livre dans les transports en commun à Paris. C’était très drôle de voir la tête des gens lorsqu’ils voyaient le titre de ma lecture. Sans surprise, les hommes étaient les plus nombreux à faire une grimace tandis que les femmes avaient un petit sourire en coin. On se sait.

Voici une citation du livre : 

Le plus souvent, lorsqu'on interroge les hommes sur le féminisme, ces derniers répondent qu'ils ne se sentent pas concernés. Il y a bien sûr les misogynes, qui hurlent à chaque prise de parole féministe, mais la plupart se montrent simplement indifférents. Comment peut-on prétendre aimer les femmes, être attiré par elles, sans se soucier de leur souffrance, sans chercher à comprendre, mesurer et combattre les violences et les injustices qu'elles vivent ? [...] 
Et si on prolonge cette réflexion, comment expliquer que les hommes hétéros en couple, censés aimer leur conjointe, représentent le principal risque de violences pour elles ? 
En France, en effet, la plupart des femmes assassinées le sont par leur partenaire ou ex-partenaire, et près d'une femme sur dix a été victime de violences conjugales durant le confinement de 2020. Au cours de sa vie, + d'une femme sur sept sera frappée par son conjoint, et 33% des femmes ont déjà subi un viol de la part d'un de leurs partenaires. Ces chiffres peuvent étonner, ils sont pourtant tous issus d'études très récentes et reflètent la situation des femmes d'aujourd'hui en France. Celles d'un pays où les petits garçons continuent de construire leur identité en affirmant qu'ils ne sont "pas des fillettes", comme si c'était une tare, un pays où de nombreux hommes font toujours preuve de comportements sexistes, comme leurs père avant eux. Mais alors d'où vient cette violence ?

Désirer à tout prix - Tal Madesta - Binge édition

J’ai découvert le livre en librairie, attirée par son titre et sa couverture colorée. Ce petit livre a été une claque. La première partie du livre a été une expérience désagréable ; le résultat d’une dissonance cognitive. Mais j’ai persévéré car ne lire que des choses qui vont toujours dans le sens de ses propres opinions n’est pas très enrichissant sur le long terme. Le livre m’a bousculée dans mes croyances et mon conditionnement. Tal Madesta ne propose rien de moins que de remettre entièrement en question notre rapport au sexe, au corps, à notre façon de faire famille et de relationner sur le plan sexuel et romantique. Si je n’ai pas réussi à adhérer à tout son propos, c’est aussi parce que l’auteur a un vécu très spécifique dans lequel je ne me reconnais pas. L’écriture à la première personne est très personnelle et on apprend des choses intimes sur son expérience de vie qui je dois vous prévenir est assez difficile à lire. Néanmoins, son développement sur la famille nucléaire et les problèmes de société qui en résultent ainsi que le modèle du couple hétérosexuel qu’on nous matraque sur tous les supports médiatiques et culturels depuis le plus jeune âge est passionnant. Son propos sur la sexualité est complexe et très personnel mais il touche aussi à l’universel des jeunes générations avec l’injonction à la sexualité qui doit sans cesse se renouveler, ne jamais être “chiante” qu’importe ce que cela veut dire, et les violences engendrées par toutes ces injonctions. En bref, vous ne ressortirez pas indemne de cette lecture.

Voici une citation du livre : 

"Je me suis vite rendu compte qu'il existait un véritable marché autour de l'angoisse de ne pas avoir une sexualité épanouie. Livres, thérapies, médicaments, jouets...: la libération coûte cher, autant en temps et en énergie qu'en argent. Une sorte de charge mentale de l'épanouissement sexuel que je n'ai jamais vu aucun homme habiter de façon obsessionnelle. 
[...] 
Si la sexualité était vraiment si importante et fondamentale dans ma vie, elle me serait nécessairement plus facile et douce. Cette oasis que je poursuis, ce n'est pas la sexualité, mais la conformation à une norme que personne ne parvient à suivre facilement. Car je crois que ce qui nous terrifie vraiment, c'est le stigmate dont peuvent être victimes celles et ceux qui ne baisent pas ou peu, qui ne désirent pas ou peu, qui ne jouissent pas ou peu."

L’Histoire du consentement féminin - Maëlle Bernard - Arkhe

Je suis tombée par hasard sur l’interview @simonemediafr de Maëlle Bernard  dans mon feed instagram et j’ai appris plein de choses en l’espace de quelques minutes. Je connais parfaitement les problèmes d’aujourd’hui concernant les violences sexuelles subies par les femmes, la difficulté à obtenir justice et réparation. Je sais également que la notion de consentement est encore mal comprise aujourd’hui mais qu’en est-il des siècles précédents ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Le livre propose d’étudier l’Antiquité, le Moyen Âge, le XVIIIe siècle, les décisions de justices lorsqu’elles sont disponibles, l’évolution de la notion de viol dans la littérature, les différentes lois notamment celles du mariage à travers l’Histoire et plus généralement l’évolution des mentalités. Il est certain que nous avons fait des progrès sur certains aspects, mais sur d’autres nous n’avons pas bougé d’un iota et c’est révélateur du sexisme en France. Cet ouvrage est une mine d’informations que je recommande vivement !

Voici une citation du livre :

"Au XVIIIe siècle, même si le crime de viol se distingue désormais du rapt et de l'adultère, il n'est pas compris de la même façon qu'il l'est actuellement. Est violée une femme qui crie pendant tout l'acte sexuel, résiste, est blessée par son agresseur et a perdu son honneur - sa virginité ou sa chasteté conjugale. En creux, pour que la justice écoute une victime de viol, il faut qu'elle soit vertueuse et/ou issue d'une condition sociale aisée. Les preuves attendues dans un procès pour viol n'ont donc, en substance, pas vraiment évolué de l'époque médiévale jusqu'à la fin du XXe siècle.”  

May

J'ai découvert la littérature de l'imaginaire enfant en lisant des mangas (Full Metal Alchemist, Claymore, Fruit Basket, Naruto, etc.) qui me permettaient de m’évader. Puis une camarade de classe m'a un jour prêté la trilogie du Dernier souffle de Fiona MacIntoch. Ça a été la révélation ! Depuis je suis avide de lectures de l'imaginaire et plus particulièrement de fantasy qui constitue l'essentiel de ma PAL.

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