Essais Féministes #1

25/5/2022
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Essais féministes #1

Un autre aspect de mes lectures récurrentes : les essais et plus particulièrement ceux féministes. Je me suis dis que ça pourrait en intéresser certain.e.s. Couper de temps en temps avec l'imaginaire pour lire sur le réel, mais pas trop longtemps car on déprime vite sinon ! J’ai donc décidé de proposer de temps à autre une sélection d’essais que je trouve très bons.

Défaire les discours sexistes dans les médias de Rose Lamy publié chez JC Lattès

Compte Instagram Préparez-vous à la bagarre créé par Rose Lamy en 2019 (suite à #metoo en 2017) ayant pour but d’analyser le discours sexiste dans les médias. 

Rose Lamy est une warrior féministe des réseaux sociaux à découvrir de toute urgence. Son travail est inestimable et permet de se mettre face à ses propres biais et nous fait repenser notre manière de consommer les contenus médiatiques. Ce travail qu'elle fait gratuitement est d'intérêt public et elle s'expose inévitablement à tous les haters misogynes de l'Internet. Elle est d'un courage incroyable. J'ai beaucoup d'admiration pour elle. En outre, elle décortique énormément de faits divers, particulièrement de féminicides et viols pour mettre en lumière comment le discours déresponsabilise systématiquement l’agresseur et blâme la victime. Pire, comment ce traitement de faveur n’est réservé qu’aux hommes. C’est la culture du viol. Au fur et à mesure de votre lecture, vous prendrez connaissance de faits divers en tous genres utilisés pour démontrer les méthodes systématiquement utilisées pour protéger les auteurs de violences à l’encontre des femmes et des enfants. Et je vous assure que ça glace le sang… J’ai parfois du mal à croire qu’un journaliste puisse écrire de manière si biaisée mais c’est pourtant la triste réalité. 

Voici une citation du livre : 

"Comme les preuves accablantes ne permettent pas de remettre en question la culpabilité de Bertrand Cantat, qui a d'ailleurs avoué les faits, on s'attache à transférer la responsabilité sur la victime. Les éditorialistes défilent sur les plateaux télé et radio afin de résoudre l’énigme de ce meurtre, présenté comme extraordinaire et qui relève pourtant du banal : des centaines de femmes sont assassinées tous les ans en France par leur compagnon ou leur ex. Au fil des jours, nous apprenons que Marie Trintignant a eu quatre enfants de pères différents, qu’elle se drogue. Peu à peu, l’idée s’installe qu’elle n’est peut-être pas si innocente - la preuve en sont ses multiples addictions -, et qu’elle l’avait sans doute bien cherché avec ses provocations verbales. Par un enchaînement de pirouettes linguistiques et sémantiques, Marie Trintignant deviendrait presque l’agent de sa propre mort. Par ses mots et son comportement, il semblerait qu’elle ait elle-même conduit son compagnon, véritable pantin vidé de sa substance et de son libre arbitre, à porter les coups. La défense ira même jusqu'à sous-entendre que son corps fragilisé par un accident 12 ans plus tôt, alors qu'elle était au volant et sous l'emprise de l'alcool, était moins résistant aux coups. [...] Ce n'est plus l'homme qui tue avec 19 coups de poing, mais c'est le nez et le crâne de la victime qui cèdent."

Réinventer l’amour de Mona Chollet publié par La Découverte :

Comment les relations hétérosexuelles sont parasitées par les inégalités intrinsèques à notre société patriarcale. Voilà ce que dénonce Mona Chollet. A travers ce livre, loin d'être aigrie, Mona Chollet nous parle d’amour et du couple, des étapes charnières qu’il traverse, de son image romancée dans les médias et les œuvres en tous genres. Un idéal qu’on retrouve dans toutes les représentations mais pourtant inatteignable, les clichés qui le façonnent ainsi que le malheur qui en découle pour des couples de la vraie vie. Cet essai dénonce l’inégalité dans le couple en passant par les revenus, la charge mentale, la répartition des tâches domestiques et la parentalité. Elle revoit aussi les rôles de genres, leur toxicité et en quoi celle-ci mène à une irréconciliable mésentente. On en vient inévitablement aux violences conjugales et aux schémas qui poussent les femmes à accepter l’inacceptable de la part de leur partenaire, à cette image du bad boy qui fait plus de mal que de bien. Elle expose aussi ce concept d’hétérosexualité profonde que je ne connaissais pas et qui est passionnant. Elle ne fait pas que dénoncer, elle propose aussi des alternatives aux archétypes comme choisir de ne pas vivre sous le même toit, ne pas être exclusif, etc. Elle aborde également le cocktail de fétichisation ethnique, le racisme saupoudré d'âgisme et de misogynie dont les hommes font preuve (exemples à l’appui avec notamment Gainsbourg) et en quoi cela est problématique pour les femmes qui le subissent. Ce livre aborde énormément de choses et j’ai beaucoup apprécié les pistes de réflexions proposées. Mon seul point négatif concerne le dernier chapitre du livre à propos du désir et du fantasme qui m’a semblé trop peu développé. J’avais comme un goût d’inachevé avec ce chapitre.

Voici une citation du livre : 

"La perversité de nos sociétés est de nous bombarder d'injonctions à l'hétérosexualité tout en éduquant et en socialisant méthodiquement les hommes et les femmes de façon qu'ils soient incapables de s'entendre. Ingénieux, n’est-ce pas ? Des partenaires qui se conforment à la lettre à leurs scripts de genre respectifs ont toutes les chances de se rendre malheureux. Ces scripts produisent d'un côté une créature sentimentale et dépendante aux demandes tyranniques, qui surinvestit la sphère affective et amoureuse, et de l'autre un escogriffe mutique et mal dégrossi, barricadé dans l'illusion d'une autonomie farouche, qui semble toujours se demander par quel dramatique manque de vigilance il a bien pu tomber dans ce traquenard."

Le Coût de la virilité de Lucile Peytavin publié chez Anne Carrière :

Vous avez tous déjà vu, je pense, un garçon ou un homme adopter un comportement à risque pour prouver sa valeur, sa virilité et obtenir la reconnaissance de ses pairs. Faire du une roue à moto, grimper en haut d’un building, ou tout simplement se battre. Je lis des essais féministes depuis plusieurs années maintenant, mais je n’avais encore jamais réfléchi au coût financier des comportements viriles pour notre pays. Je restais toujours focalisée sur le coût humain, émotionnel et social. Lucile Peytavin, elle, a eu cet éclair de génie. Cette historienne a fait un travail minutieux de recherche (ouvrage très sourcé) pour dresser un bilan des comportements viriles à l’aide de statistiques. Puis, à partir de ces mêmes statistiques, elle a calculé pour donner une idée la proche possible du véritable coût et de ce que l’on économiserait si cela disparaissait. Inutile de vous dire que notre société serait toute autre et que la dette serait effacée. C’est affligeant quand on y pense. J’ai néanmoins beaucoup apprécié que l’autrice prenne le temps de nous expliquer les bases de ce comportement et en quoi il est acquis et non inné avant d’entrer dans le vif du sujet. Car s’il est acquis, il est complètement évitable et c’est là la beauté de ce livre. Je pense que tout le monde devrait le lire !

Voici une citation du livre : 

"la population carcérale en France est composée à 96,3% d'hommes ! [...] Selon certains de mes contradicteurs, les comportements violents et asociaux ne seraient pas le fait des “hommes en général”, mais de “certains hommes” issus de milieux défavorisés. Je leur demande alors quel est le point commun entre ces délits : forcer son conjoint à avoir des rapports sexuels, agresser sexuellement un(e) camarade lors d’un week-end d’intégration en école d’ingénieur sous l’emprise de l’alcool, vendre de la drogue au pied d’un immeuble, commettre un viol en réunion, commettre des escroqueries financières, prendre le volant au retour d'une soirée alors qu'on est alcoolisé, dégrader des biens publics un soir de match de football, provoquer un accident de la route mortel pour ne pas avoir respecté les limitations de vitesse ? Réponse : nous verrons que les auteurs de ces délits sont dans leur immense majorité des hommes. Ils sont pourtant issus de milieux sociaux, de classes d'âge, de niveaux d'études et de situations géographiques très hétérogènes. [...] Le facteur le plus déterminant dans les infractions à la loi est donc bien, et de loin, le sexe masculin de leurs auteurs."

May

J'ai découvert la littérature de l'imaginaire enfant en lisant des mangas (Full Metal Alchemist, Claymore, Fruit Basket, Naruto, etc.) qui me permettaient de m’évader. Puis une camarade de classe m'a un jour prêté la trilogie du Dernier souffle de Fiona MacIntoch. Ça a été la révélation ! Depuis je suis avide de lectures de l'imaginaire et plus particulièrement de fantasy qui constitue l'essentiel de ma PAL.

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